Ca y est, une année toute neuve a commencé depuis quelques heures, quelques jours. Tout est vierge, frais, à construire. Nous avons tourné le dos à 2016 et ses tracas, prêts à prendre nos vies en main, à ne plus commettre les mêmes erreurs que l’année dernière et à atteindre les sommets de réussite et de vertus que nous nous sommes promis, il y a peu, pendant le grand décompte, dans un tintement de bulles et de cristal.
Et nous voila déjà, quelques jours plus tard, en train de nous trahir en réévaluant, au mieux, notre foutue liste d’affreuses bonnes résolutions, et, au pire, à en violer allègrement les trois principales. Mais pourquoi diable notre motivation semble avoir fondu comme neige au soleil en à peine une semaine ? Voici pour vous quatre éléments de réponse et pour chacun une solution simple et accessible.
1- Le plus mauvais moment possible
Sans parler du fait que le premier janvier est, pour bon nombre d’entre nous, un jour de récupération, de cuvage, de gueule de bois (en ébène massif) et donc assez peu propice à la mise en oeuvre d’une quelconque autre bonne résolution que de boire de l’eau claire (avec quelques aspirines, merci), la période que nous choisissons pour nous promettre de tout changer est particulièrement mal adaptée au changement, justement. Et pour cause, nous sommes à peine entrés dans l’hiver, la saison biologique du ralentissement, du retrait, du ressourcement intérieur. En peu de mots, nous rentrons dans une période de repos naturel que le monde animal et végétal connait et respecte. Un moment de dé-pression, au sens propre du terme. Notre énergie, épuisée par notre activité des saisons plus énergiques (printemps, été, automne) est assez basse et notre propres corps même ne demanderait pas mieux que d’hiberner, ou, au moins de profiter de nuits plus longues et d’activités plus douces, dans un cadre douillet. Il est d’ailleurs notable qu’il est plus difficile de perdre du poids en hiver, notre biologie nous invitant à stocker plutôt qu’à dépenser nos calories.
Dans ces conditions, est il réaliste de nous fixer des projets herculéens à réalisation immédiate, à froid ? Avec quelle énergie disponible ? Et avec quelle appétence à l’effort sur la durée ? Nous serions bien mieux avisé de préparer, au calme nos projets, y réfléchir sereinement au coin du feu, les maturer, et en planifier la mise en oeuvre pour le début du printemps, de l’été ou encore de l’automne qui sont des saisons à fort potentiel énergétique au sein desquelles vous saurez bénéficier profiter de la dynamique de votre flux d’activité. L’hiver est une excellente période de réflexion, d’évaluation, de planification et de préparation. Sachez donc en tirer profit pour murir votre plan, pas pour l’exécuter séance tenante !
2- Trop d’ambitions
Cette année on change tout ! Sur votre fameuse liste de bonne résolutions ; Perdre 20 kg, arrêter de boire, de fumer, de consommer trop de café, manger sainement, se mettre au sport, lire chaque jour, méditer, voyager, écrire un livre, se lever à 5h30, changer de travail, devenir propriétaire, lancer son projet, son entreprise tout en consacrant plus de temps a sa famille et à ses loisirs. Enthousiasmant ou totalement écrasant ? J’ai même vu certaines personnes en surpoids et réfractaires au sport se promettre de réussir à courir un marathon au cours de l’année, pour abandonner l’entrainement et la résolution après la 3eme séance de sport.
Evidemment la barque est bien trop chargée ! Il est impossible de réussir, ou même d’entreprendre de front l’ensemble des changements désirés. Le fait que l’année soit neuve ne vous oblige pas à devenir une autre personne et de faire table rase de tout ce que vous avez été. Oui, la liste de ce que vous souhaitez changer est sans doute longue. Elle est d’ailleurs probablement interminable si on y prête attention. Mais à vouloir ouvrir trop de chantiers en même temps on se condamne à n’en réussir aucun et à se confiner à l’immobilisme et a la continuation de l’état dans lequel vous trouvez actuellement.
Rappelez vous une chose simple : la discipline n’est pas un talent général qui s’applique simultanément à tout. Nous admirons souvent les gens qui nous paraissent disciplinés en surévaluant la réelle quantité d’efforts qu’ils déploient pour maintenir leur mode de vie qui nous fait tant envie. Or nous ignorons que la discipline fonctionne de façon focalisée, non pas générale. La discipline est une attention particulière que vous accordez a un élément que vous voulez changer, pendant un temps donné. Imaginons, qu’au sommet de votre liste, vous vouliez commencer à faire des exercices physique le matin en vous levant. Utilisez votre discipline sur ce seul point, chaque jour, pendant 3 à 5 semaines. Oubliez pour l’instant le reste de vos mauvaises habitudes (une liste, c’est quelque chose qu’ont fait dans un ordre, et pas en simultanéité et appliquez vous uniquement à modifier ce seul point de comportement. Vous constaterez qu’au bout du délai imparti, la pratique des exercices est devenue une habitude quasi spontanée et beaucoup moins gourmande en volonté. Vous voila donc content d’avoir réussi à modifier effectivement un comportement et en possession à nouveau de votre discipline que vous pouvez désormais placer sur autre chose. Manger plus léger ? Vous lever plus tôt ? A vous de choisir ! Alors parmi tous ces souhaits, lequel considérez vous comme étant le plus important pour cette année ? Choisissez en un, placez votre discipline sur ce seul point jusqu’a en faire une habitude et puis, fiers de vous, passez au suivant, à votre rythme. En voulant tout changer, vous ne changerez rien. En décidant de changer une seule chose, vous entrainez une dynamique qui changera tout.
3- Trop d’objectifs pour trop peu de résultats
C’est souvent au pied du mur qu’on voit mieux … le mur. Et mis face à nos propres bonnes résolutions enthousiastes de la veille, nous nous trouvons confrontés à quelque chose de colossal et de particulièrement décourageant. Les choses paraissent toujours moins facile, sans musique et champagne. Le Sage a dit : « Celui qui déplace les montagnes commence par déplacer les petites pierres ». Courir un marathon, perdre 20 kg ou radicalement changer son orientation professionnelle apparaissent comme autant de montagnes infranchissables à celui qui s’est fraichement armé de courage pour accomplir ses bonnes résolutions. Même l’arrêt de tabac, vu sous l’angle « plus jamais je ne toucherai à une cigarette de ma vie entière » apparait comme un renoncement tellement immense que sa simple perspective provoque un découragement certain. Or ce n’est ni le 20eme kilo, ni la cigarette que vous refuserez dans 15 ans, ni les 2,195 derniers kilomètres du marathon qui sont problématiques au point d’en etre infranchissable. C’est le premier kilo perdu, la première cigarette épargnée, le premier kilomètre couru. C’est ce marqueur là qui est paradoxalement trop souvent négligé alors qu’il est pourtant le plus capital. Car la distance est toujours plus grande de 0 à 1 que de 1 à 20.000 et le gouffre plus profond entre l’inexistant et l’existant qu’entre l’existant et son amélioration. Un ami coach a l’habitude de dire « personne ne peut s’imaginer pouvoir dévorer un mammouth entier. Mais par steaks de 200gr, petit à petit, on finit par y arriver ! Pour vous lancer dans une dynamique de changement, vous avez besoin de résultats, de réussites, de « quick wins » comme le disent les coachs anglo-saxons. Et ceux-ci doivent être relativement faciles atteindre et s’enchainer régulièrement de façon harmonieuse et croissante.
Ainsi, décomposez votre objectif principal en étapes, en pas, d’une taille qui vous parait franchissable sans trop d’efforts. Trouvez la bonne gradation, l’échelle, les taquets, les jalons afin de pouvoir très rapidement afficher un premier résultat concret. Tout ce qui se mesure peut progresser. Ne vous laissez pas impressionner par le trajet à parcourir, faites simplement le premier pas décisif dans cette direction avec pour seule ambition immédiate de faire suivre le deuxième, puis le troisième. Et soyez fiers d’avoir réussi le plus dur ; commencer ! Les résultats suivront.
4- La formulation négative et le défaut de sens
La plupart de nos résolutions sont formulées négativement. C’est Pierre-Jean Dejonghe, notre Master Coach, qui attirait notre attention sur ce point dès le début de ma formation en coaching. Il s’agit de perdre 20kg ou d’arrêter de boire, de fumer, de jouer, de dépenser… Il s’agit donc de renoncer à quelque chose, ce qui en soi n’est jamais très sexy ni motivant. Pire, formulés de la sorte, ces renoncements synthétiques expriment clairement la fin de plaisirs connus et expérimentés avec tant de délice ! Parce que « perdre 20 kilos » signifie souvent dans l’esprit du repentant « renoncer à la bonne chair, à tous ces bon petits restaurants que je fréquente, à l’insouciance, à la gourmandise », parce qu’arrêter de boire signifie également renoncer à siroter un vieux rhum hors d’âge, à partager une bouteille providentielle de Romanée-Conti ou à gouter au plaisir d’une trappiste, avec ses camarades, après le match du samedi. Quand à arrêter de fumer, bon sang, l’immense majorité des fumeurs que je connais (pour en avoir fait longtemps partie) aiment fumer et se réjouissent de leur première cigarette café de la journée, ou de celle de l’apéro, ou, plus intense encore, de celle qui suivra le repas principal.
Ainsi toutes nos ambitions vont dans le sens contraire de notre plaisir ! Mettre en oeuvre nos bonnes résolutions se résumerait donc à quitter un monde connu et confortable, fait de plaisirs et d’habitudes pour se tourner vers un univers rigide, froid, sans joie, fait de rigueur et de renoncement. Pas très motivant n’est ce pas ? Pire encore, un des premiers principes psychologiques étudié, notamment, en vente est ce qu’on appelle l’aversion pour la perte. C’est un biais cognitif qui nous fait systématiquement surévaluer ce que nous perdons par rapport à ce que nous gagnons. Nous détestons perdre et préférons conserver. C’est la raison pour laquelle certains achat sont des décisions difficiles à prendre par ce que, en tant que client, nous surévaluons d’abord la perte d’argent avant de percevoir les bénéfices que nous allons en retirer. Mais, paradoxalement, sous réserve que le produit ou le service soit bon, nous oblitérons très rapidement la crainte en question, et le prix lui-même finit par s’oublier.
Pour bien amorcer vos bonnes résolutions, il vous faudra également vous les vendre à vous même, trouver une façon de les relier à des bénéfices positifs et enthousiasmants plus motivants que la craindre de perdre ce qui vous fait (apparement) tant plaisir. Perdre 20 kilos se transforme ainsi en plaisir d’aimer mon corps, de m’acheter des nouveaux vêtements cintrés, de mettre enfin ces t-shirts que je me refusais de porter et qui peuplent mes armoires, de pouvoir courir et jouer avec mes gosses, de me sentir plus vif, plus beau, plus équlibré et infiniment plus fier de moi. Et c’est, en fin de compte, ce qui est le plus motivant : que nos efforts prennent un sens !
Alors, sur ces fameuses résolutions, prenez le temps d’en dégager le sens et tous les effets bénéfiques a court, moyen et long terme. Formulez-les de façon simple et positive et visualisez-vous comme si vous les possédiez déjà. Voila qui est déjà beaucoup plus motivant. Et si vous souhaitez exploiter pour votre avantage votre propre aversion à la perte, dites vous que ce que vous perdez, à présent, si vous choisissez de ne pasagir, c’est justement l’ensemble de ces bénéfices visualisés. Choisir consciemment de ne pas être fier de soi, de ne pas pouvoir jouer avec ses enfants au jardin, de ne pas pouvoir mettre les vêtements que vous aimez et de ne pas vous sentir beau, vif et équilibré, constitue un énorme renoncement, n’est ce pas ?
Donc, pour résumer :
Si vous souhaitez vraiment avancer dans vos bonnes résolutions pour opérer un réel changement cette année, voici les quatre points sur lequel vous pouvez facilement travailler :
1. Profitez de cet hiver pour maturer vos résolutions et planifiez-les tranquillement en plaçant les premieres actions au début du printemps, de l’été ou de l’automne.
2. Choisissez UN objectif principal sur lequel vous souhaitez obtenir un résultat significatif et utilisez d’abord votre discipline sur ce point précis, pendant 3 à 5 semaines, afin de transformer l’effort en simple routine.
3. Evaluez correctement les premiers jalons, trouvez une façon simple et mesurer vos progrès et valorisez vos premiers succès sans vous laisser impressionner par l’apparente longueur ou difficulté d’atteinte de votre objectif final.
4. Travaillez a exprimer positivement les bénéfices que vous souhaitez obtenir et le sens que prend pour vous l’effort que vous allez vous imposer. Vendez-vous votre propre changement.
Et il ne me reste qu’a vous souhaiter de choisir de vivre la meilleure année possible. Il ne tient plus qu’à vous !
Bonne Année 2017
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